Ile Quisqueya et non Hispaniola

Odette Roy Fombrun

Hispaniola évoque le génocide indien
Quisqueya évoque la culture taïno

La République d'Haïti et la République Dominicaine se partagent une île de la Caraïbe que les Taïnos, avant l'arrivée de Colomb, appelaient Haíti, Boyo ou Quisqueya. Cette île est baptisée Hispaniola par les colonisateurs espagnols, puis Saint-Domingue par les colonisateurs français. En proclamant son indépendance le 1er janvier 1804, la partie occidentale de l'île reprend le nom indien Haïti. Dès lors, l' île est mondialement connue sous le nom de île d'Haïti.

En 1930 la Geographic Board (U.S.G..B.) décide unilatéralement de la nommer Hispaniola, rendant ainsi hommage au colonisateur espagnol, au mépris du droit au souvenir des martyrs taïnos. C'est une erreur grave qu'il importe de rectifier au plus tôt..

Edmond Mangonès, dans une Communication présentée à une Conférence à Montevideo a énergiquement protesté contre cette décision arbitraire du U.S.G.B. qui ne tient aucun compte des données de l'histoire. Ceci est rapporté dans un Bulletin de la Société d'Histoire et de Géographie d'Haïti, No 15, Vol 5 de juillet 1934 et par moi-même dans L'Ayiti des Indiens (pages 138,139).

Malheureusement les dirigeants haïtiens et dominicains de l'époque n'ont pas protesté avec force et persévérance, ni mobilisé qui de droit contre ce nouvel assassinat du passé indien de l'île.

Au moment où la Caraïbe marche vers son unification, où l'Europe envisage de ne supporter que des projets conjoints aux deux pays qui se partagent l'île, au moment où des activités bilatérales sont envisagées dans le secteur touristique pour exploiter l'héritage culturel des Indiens, il importe d'adopter un nom qui évoque ce passé et non celui des responsables du génocide indien.

Marie Hélène Laraque, (récemment décédée) qui a consacré sa vie à étudier les héritages culturels des Indiens d'Amérique, a fait admettre par les Nations Unies que le premier Accord signé entre l'Amérique et l'Europe est le Traité du Cacique Henri.

La République Dominicaine et la République d'Haïti ne peuvent renier leurs valeureux ancêtres indiens : Caonabo, Henri, Hatuey, Cotubanama, ni oublier les odieux massacres de la Vega Real, du Xaragua, le meurtre de la reine Anacaona...

J'en appelle aux dirigeants et historiens dominicains et haïtiens, à tous ceux qui croient à l'importance de l' héritage culturel taïno, aux pays de la Caraïbe, à toutes les organisations d'Indiens d'Amérique et du monde et aux Nations Unies pour qu'ils combattent cette appellation qui constitue une grave injustice envers une race reconnue martyre et une violation du droit des peuples haítien et dominicain à un héritage taíno commun.

 

Cette mobilisation* s'impose pour obtenir que la Geographic Board (U.S.G.B.) redonne à cette île des Antilles un nom qui évoque son riche héritage indien. Nous proposons d'adopter:

ILE QUISQUEYA

29 mai 2000

* Une telle mobilisation pourrait se faire sur un site du NET concernant les Taïnos et par la Société haïtienne d'Histoire et de Géographie.

 

Odette Roy Fombrun

Haïtienne, née à Port-au-Prince le 13 juin 1917, diplômée de l'Ecole Normale d'Institutrices Elle fonde la première école préscolaire haïtienne. publie des études sur l'Education, sur l'Histoire, de très nombreux livres scolaires, des contes, des histories pour jeunes? Membre de la Société haïtienne d'Histoire et de Géographie, elle publie des études dans cette revue et des livres ayant trait á l'histoire.

 

Partie en exil sous François Duvalier, elle passe 10 ans aux Etats-Unis d'Amérique et 17 ans en Afrique avec son mari, Marcel Fombrun, représentant de l'UNICEF. Au Congo, elle dispense des cours sur l'unité africaine et écrit des livres de civisme. De retour au pays natal, á la fin du règne des Duvalier, le couple lutte en faveur de l'Unité nationale. De tempérament combatif, Madame Fombrun défend la démocratie. dans de multiples conférences, interviews et articles de journaux. Au Centre Woodow Wilson, à Washington, (sept.86) elle présente : " La Démocratie est-elle possible en Haïti ? " (texte paru dans : Neuf experts haïtiens s'expriment)..

En mars 1986, s'inspirant d'une coutume paysanne, Madame Fombrun présente le Konbitisme, base d'un contrat social national unificateur. La nation doit s'unir pour combattre la misère. Dans cette optique, elle analyse le livre de Franck Laraque sur la Pauvreté (texte paru dans :Haïti après Duvalier) analyse aussi le livre de Gérard Barthélemy: Le pays en dehors et reçoit un Award du Boston Konbit Clinic (23 mai 1993)

Citoyenne du Monde depuis 1981, elle défend les droits de l'homme, une forme de mondialisme, propose á la communauté internationale de remplacer les interventions punitives, comme l'embargo destructeur injustement infligé à son pays, par des approches préventives et constructives. Présidente du Club BPW de Port-au-Prince, membre de la ligue Féminine d'Action Sociale et du CADOR, elle lutte pour les droits de la femme et pour ceux de l'âge d'or. Présidente de Fondation 91 et responsable de la section culturelle de Fondation 92, elle lutte pour une exploitation judicieuse de tous les héritages culturels: indien, africain, occidental pour que Haïti devienne le principal Centre culturel de la Caraïbe. Membre de la Commission chargée de préparer l'Avant-Projet de Constitution de 1987, elle fait introduire quelques structures susceptibles de garantir la coopération entre les Pouvoirs, le Service civique obligatoire...

Madame Fombrun est actuellement auteur aux Editions Henri Deschamps. Ayant terminé pour le primaire la série civisme, elle travaille la série Géographie .Ce qui ne l'empêche pas d'écrire des romans policiers pour la collection jeunesse Hachette-Deschamps.

Autres publications :
I.- En français

  • Le drapeau et les Armes de la République
  • L'Ayiti des Indiens
  • Résumé de Description...de Saint-Domingue de Moreau de Saint-Méry
  • Histoire d'Haïti scolaire en 2 tomes: 1.- Des Origines à l'Indépendance
    2.- De Indépendance à nos jours
  • Vivre ensemble (Collection de livres de civisme pour le primaire)
  • Contes d'Haïti (Nathan)
  • Contes africains (Editions africaines Sénégal)
    1.- L'incroyable secret de Kololo
    2.- Qui aura le trésor ?
  • Romans policiers (jeunesse) 1.- Jours importants
    2.- Personnes célèbres
  • Cahiers de coloriage Ti Roro d'Haïti
    Vivent les vacances !
    Enfants de l' île Maurice
    Ma vie en trois temps
    II.- En créole
  • Istwa Ayiti 1.- Hispaniola (Occupation espagnole)
    2.- Sendomeng (Occupation française)
    3.- Ayïti (á paraître) Konbit tètansanm pou Ayiti kanpe
    Ti Koze sou Konstitisyon
    Dwa ak Devwa tout Ayisyen

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